legal cannabis france
Il est bien évident que la légalisation du cannabis au Canada a bousculé l’ordre établi et continue à faire des vagues à l’international. Il faut avouer que le constat est positif. Globalement, la légalisation canadienne se passe relativement bien et elle n’a pas engendré de gros problème sociaux économiques. Elle a par ailleurs même su enrichir le pays. Or, on peut remarquer une certaine mouvance vers une ouverture face au cannabis un peu partout en Europe.
Les Pays-Bas qui furent les premiers en 1976 à baser leurs politiques sur une tolérance pragmatique envers les drogues dites »douces ». On y retrouve depuis des « coffee shop » où l’on peut trouver des produits de cannabis provenant des 4 coins de la planète.
Au Maroc, grand producteur historique, on a adopté une loi en 2021 autorisant le cannabis thérapeutique et à fins médicales. Le pays a aussi permis en même temps la production industrielle pour stimuler leur économie dans des régions plus fragiles.
Puis, l’Allemagne a grandement démocratisé l’usage du cannabis depuis quelques années, et pas seulement la consommation à fins médicales. Depuis 2024, elle autorise même la culture et la possession à petite échelle. Qui plus est, on peut y voir l’apparition de « Cannabis club » qui sont des associations de consommateurs qui s’unissent pour faciliter leur approvisionnement.
Tandis qu’en France, depuis 2019, on peut voir des boutiques de CBD appelées « CBD Shop » avoir pignon sur rue. Aujourd’hui, on les trouve dans toutes les grandes villes du territoire. Mais le THC reste une molécule diabolisée par la législation française et elle est encore très sévèrement encadrée à ce jour. Malgré un assouplissement mondial, la France reste frileuse quant à une légalisation unilatérale.
La France, pays de la liberté, de l’égalité et de la fraternité… J’ai remarqué un certain paradoxe chez nos cousins Français. Cela fait même partie de leur identité: La France peut se vanter d’être un pays avant-gardiste, mais elle est tout autant conservatrice. Cela explique en partie pourquoi on a voulu démocratiser l’usage du cannabis… mais pas complétement. Le THC reste encore chez eux une molécule prohibée et une drogue interdite.
Cela n’empêche pas qu’en 2019, le premier magasin spécialisé en CBD ouvrait ses portes dans le centre-ville du Mans dans la région de la Loire. Bien sûr, j’ai visité quelques-unes de leurs boutiques et j’ai même été autorisé à prendre quelques photos. (Ce qui, soit dit en passant, est toujours interdit dans nos succursales de la SQDC au Québec)
En ce qui me concerne, je pense que la légalisation partielle permettant seulement les produits de CBD en France est une décision frileuse basée sur le compromis. Un des effets pervers, quand on fait les choses à moitié; c’est qu’on se retrouve le cul entre 2 chaises. Une position obscure/inconfortable d’où peut en résulter de drôles de décisions. Comme ouvrir la porte à l’apparition de molécules synthétiques ou semi synthétiques que l’on appelle « Néo Cannabinoïdes » tels le HHC (Hexahydrocannabinol) ou le puissant THV-N10 par exemple. Ce sont pour la plupart des molécules de CBD, CBG, CBN, etc. modifiées en laboratoire. La modification permet aux cannabinoïdes d’interagir d’une manière différente, souvent plus fortement, avec notre système endocannabinoïde. Après tout, pourquoi faire ça simple quand on peut faire compliqué?
Ces Néo cannabinoïdes représentent pour moi un bien plus grand problème. Les chimistes en herbe qui me lisent savent que c’est un jeu risqué. Le paradoxe subsiste: d’un côté la porte est fermée face au méchant THC qui s’est pourtant prouvé plutôt inoffensif. De l’autre, on se permet d’autoriser des molécules de synthèse dont on ne connait que très peu les effets à long terme sur le S.E.C. (Système Endo-Cannabinoïdien)
On peut aussi remarquer une faille de la loi concernant les produits comestibles. Car la législation française permet 0,3% de THC dans tout produit de cannabis. Par exemple, il est permis d’avoir un biscuit de 100g contenant 300mg de THC, ce qui respecte 0,3% de THC dans le produit. Mais qui, en pratique, peut terrasser les consommateurs les plus aguerris. Même les vétérans tel que moi. Contrairement au Québec, la France ne s’est pas méfié du taux de THC total d’un produit et ne s’est préoccupé seulement du pourcentage.
Plus souvent qu’autrement, dans les CBD Shops de France, le cannabis se vend en vrac. Il est entreposé dans des gros pots de verre. Les produits nous sont présentés sur un menu avec d’un côté: les fleurs de CBD et de l’autre: celles qui ont été vaporisées avec des Néo Cannabinoïdes. On a également le droit d’exposer les fleurs et de faire de l’éducation sur le cannabis. On y retrouve aussi tous les accessoires nécessaires allant du simple papier à rouler jusqu’au vaporisateur dernier cri.
Plusieurs d’entre nous aimeraient bien que l’on puisse avoir du cannabis « en vrac » au Québec. Et je suis le premier à critiquer le système d’entreposage et les emballages de nos producteurs canadiens. Mais je ne suis pas certain que ce soit une si bonne idée pour autant. L’avantage est qu’on peut voir le produit et sentir les fleurs. Cependant, l’inconvénient est que la fraicheur, mais surtout la salubrité du produit, devient hasardeuse. Personnellement, je trouve que les inconvénients surpassent les avantages et je préfère de loin voir nos produits scellés de façon individuelle.
Dans les CBD shops, il est fréquent de voir le commis manipuler le produit à main nue et l’emballer par la suite dans un petit sachet en polyester de style mylar que l’on connait bien chez nous. Heureusement, les fleurs disponibles semblent jouir d’un bon roulement. Quoi qu’il en soit, il faut garder en tête que le contenant est ouvert et refermé plusieurs fois par jour.
En France, le cannabis de CBD naturel ou celui vaporisé avec des Neo-Cannabiniodes se vend de 3 à 17 euro le gramme (entre 5$ et 30$ le gramme).
Il est difficile de trouver des fleurs de cannabis de bonne qualité qui respectent les 0,3% de THC. L’importation de fleurs de CBD, bien que légalisée en 2022, reste marginale. Et il n’est pas plus tâche facile de trouver des graines de qualité quand on recherche des plants exempts de THC. L’approvisionnement des boutiques se fait donc majoritairement à travers des producteurs locaux ou à même leur propre production.
Je dois vous avouer que c’est loin d’être la fleur de course de chez nous. La plupart des cocottes que j’ai vu étaient petites, style « popcorn ». Les fleurs françaises que j’ai eu l’opportunité de goûter étaient quand même odorantes, mais elles avaient des arômes assez simples de chanvre. Elles avaient une belle humidité sans toutefois être vraiment collantes. Au niveau des effets, je ne m’attendais pas à grand chose, j’ai quand même eu un petit buzz sympa et relaxant malgré le taux de THC ridiculement bas.
La légalisation du cannabis au Canada à certes ses défauts et tout le monde s’entend pour dire qu’elle n’est pas parfaite. Mais je pense qu’on est choyé malgré tout. J’ai la ferme conviction que la légalisation complète était la chose à faire. Cela dit, malgré la tendance mondiale, les Français que j’ai interrogés ne sont pas très optimistes et ne croient pas qu’une légalisation complète du cannabis serait possible en France de sitôt. Au final, je me dois de constater que l’herbe n’est pas plus verte chez nos cousins Français.
Un Merci particulier à Christian et M-H pour votre accueil si chaleureux. Je suis pas mal veinard d’avoir de la famille dans le Pays des Lumières. Sans vous, il m’aurait été impossible d’écrire ce reportage. Merci également à Léo, Clément et Vincent pour avoir accepté de répondre à mes questions.
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